Chaque être humain veut gagner, y compris les bénévoles. Mais alors, que retirent donc les bénévoles de leur action, de leur implication? Ayant œuvré toute ma carrière dans le milieu des associations et des bénévoles, il était naturel de traiter de l’intérêt et de la motivation des bénévoles dans cet article.
De nombreuses études ont été faites pour connaître la motivation des bénévoles comme si cette motivation était le moteur poussant une personne à s’impliquer. C’est pourquoi on a l’impression que la motivation a souvent un caractère « impur » lorsqu’on l’applique au bénévolat.
Or, selon nous, il faut voir la situation sous un autre angle.
Ce qu’il est important de déterminer, ce sont avant tout les évènements qui ont amené une personne à faire du bénévolat. Quelles sont les circonstances qui ont déclenché l’action de faire du bénévolat?
- Redonner :il y a d’abord le sentiment qu’il faut rendre à la société ce qu’elle nous a donné. Et que nous a-t-elle donné? Le sens du devoir, le sens d’aide à autrui, le désir de faire du bien aux autres. Mais aussi la chance d’avoir un bon travail, de connaître le bonheur, de jouir de la vie. Nous retrouvons alors les bénévoles dans les œuvres de bienfaisance, les organismes de charité.
- Monde meilleur :Il y a aussi le désir d’améliorer la communauté qui nous entoure. Nous avons le sentiment que d’autres ont contribué à améliorer, à leur manière, cette communauté et que nous voulons contribueraux prochaines générations. On retrouve ces bénévoles dans des comités d’action civique, la protection de l’environnement, etc.
- Dire oui :un autre sentiment qui amène une personne à faire du bénévolat, c’est de faire plaisir à une personne qui nous est chère. Ou, si l’on préfère, notre incapacité à dire « non » à une personne que l’on connaît bien. C’est ainsi que de nombreux bénévoles s’impliquent pour la première fois à partir de ce sentiment. Bien connu dans le domaine de la collecte de fonds, ce sentiment est souvent sciemment utilisé d’ailleurs pour mettre en marche une campagne de sollicitation. Mais ce même sentiment existe aussi chez la personne à qui l’on demande de collaborer à la tenue de livres d’un organisme communautaire, ou d’une autre qui est sollicitée pour organiser un évènement paroissial. Il en va de même pour tous les bénévoles qui s’impliquent dans les loisirs et les sports auxquels participant leurs enfants et adolescents.
- Croissance personnelle :Un autre sentiment que nous retrouvons est le désir d’obtenir ou d’améliorer son statut personnel dans sa communauté, auprès de ses collègues de travail ou ailleurs. Ce sentiment motive des bénévoles en leur faisant goûter les joies de travailler bénévolement pour et avec d’autres, dans un climat, disons-le, la plupart du temps réjouissant, stimulant et enrichissant.
- Appartenance :d’autres personnes sont attirées par l’attrait que représente telle cause ou telle association particulière, soit parce que cette cause est perçue comme « noble », soit que cette cause en soit une que la personne a vécue personnellement ou via une personne proche. Ainsi, pourquoi certaines personnes œuvrent-elles auprès de personnes cancéreuses? Souvent, parce que ces personnes ont vécu le cancer soit personnellement, soit dans leur environnement immédiat et qu’elles considèrent que c’est leur devoir d’aider d’autres personnes dans une telle situation.
- Responsabilité :D’autres personnes ont besoin de se sentir en contrôle de la situation, exercer du pouvoir. Elles aiment diriger, être « en charge ». Et c’est tant mieux parce que, justement, d’autres personnes préfèrent de beaucoup se faire dire ce qu’il faut faire. Nous retrouvons ces personnes participant à des comités organisateurs et des conseils d’administration.
- Se faire valoir :d’autres personnes ressentent le besoin de démontrer leur habileté aux autres. Elles veulent mettre à la disposition des organismes leur capacité d’organiser, ou de rassembler, ou de tenir les livres, ou de coacher une équipe de sports.
- Devoir :Il y a enfin ceux et celles qui désirent réduire leur sentiment de culpabilité, sentiment provenant soit de leur éducation, soit de leur croyance religieuse, soit d’une autre cause.
Voilà ce que beaucoup appellent des motivations à faire du bénévolat.
Mais est-ce que ce sont de vraies motivations? Ce bénéfice commun, c’est l’estime de soi.
L’estime de soi, c’est un sentiment que l’image que l’on se fait de soi-même est reflétée adéquatement par le milieu de sorte que, effectivement, on a l’impression que l’on est aussi aimé que l’on pense qu’on l’est. C’est un peu comme si l’on regardait le miroir et que le miroir, représenté par le milieu du bénévolat, répondait que oui, on est aussi beau « intérieurement » que l’on pense que l’on est.
Nous pouvons donc conclure en disant que la motivation profonde des bénévoles est la recherche de l’estime de soi.Cette conclusion est intéressante en ce qu’elle permet d’expliquer à la fois le comportement des bénévoles qui changent d’association chaque année et à la fois le comportement des bénévoles qui restent dans la même association pendant 20 et 30 ans.
Ainsi, il y a à la fois une motivation qui est égoïste, et en même temps altruiste. En effet, la motivation de la recherche de l’estime de soi est égoïste en ce sens qu’elle permet à la personne bénévole elle-même de progresser vers un plus grand bonheur. Mais cette motivation est aussi altruiste parce qu’elle ne peut pas se réaliser sans l’autre, sans que la personne bénévole soit préoccupée aussi de l’autre, que l’autre soit personnifié par un bénéficiaire, une communauté ou un groupe.
Roméo Malenfant, Ph. D. Concepteur de la Gouvernance Stratégique®
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